Après le départ d'Ushuaia, les perspectives à court terme s'annonçaient un peu moins attrayantes: il nous fallait à présent remonter l'Argentine pour joindre le Nord pour ensuite basculer en Bolivie, puis au Pérou. Comment remonter? Par la côte Atlantique? Ou reprendre cette interminable Ruta 40 qui traverse ces immenses plaines désertiques? Le choix de la côte Atlantique n'était pas le plus simple, les restrictions budgétaires nous contraignent à opérer des choix et donc faire l'impasse sur des pays comme l'Uruguay ou le Brésil. Un programme des plus alléchants nous attendait donc: rouler des jours entiers, pour rejoindre au plus vite la ville la plus attractive, à savoir San Carlos de Bariloche.

Après avoir vu ces incroyables paysages auparavant, sillonné cette magnifique Carretera Austral, on pouvait bien donner un peu de notre personne et s'armer de patience quelques jours.

Quelques arrêts en route, la plupart du temps pour recharger en essence, ou plus spectaculaire, cette incroyable baleine de 22 m de long au niveau du détroit de Magellan. En effet, alors que nous prenons le ferry pour quitter la terre de feu, un agglutinement de personnes au loin sur la plage nous intrigue.. A l' approche, on dirait un peu Disney Land, les touristes s'ammassent, rigolent, prennent des "selfies", escaladent sur cette forme que l'on avait du mal à reconnaitre quelques mètres avant. Il semblerait qu'il y ait une véritable attraction. Et en approchant, une fois que l'on avait bien identifié qu'il s'agissait d'une baleine échouée, le sentiment était partagé: entre choc lié à voir une telle créature d'aussi près, et également une pointe de tristesse: les locaux, touristes et autres personnes avaient semble-il remporter un "trophée", posant le pied fièrement sur la bête, se couchant dessus, un peu à la manière de ces braconniers qui posent devant leur bête morte, et postent leurs clichés sur les réseaux sociaux pour obtenir un peu de reconnaissance.

La cause de cette mort reste un mystère: une biologiste nous racontait que la maigreur de l'animal l'avait frappée: son système digestif aurait pu être obstrué par des sacs plastiques, l'empêchant de se nourrir et la laissant mourrir à petit feu des semaines durant, la laissant dans la souffrance avant que l"océan ne se charge de la déposer morte sur la plage. Il s'agit bien sûr au vu de la taille de l'animal, d'une éspèce très rare..

Une fois repris la route, et ces interminables lignes droites au milieu du néant, le prochain stop était la ville de Bariloche.Le choc, après plusieurs jours dans le désert est impressionnant. On décide de se poser au Cerro Catedral, un petit village au pied de la plus grande station de sports d'hiver d'Amérique du Sud, bien sûr beaucoup plus calme à cette époque. La ville a été créée en 1902, rappelle énormément La Suisse, avec son grand lac cerné par les les montagnes des Andes et le chocolat également très réputé. Pour venir renforcer cette idée le premier habitant fut Suisse, la population était principalement Germanique à ses débuts, et il s'agissait d'ailleurs d'un refuge pour criminels nazis, dont deux ont été découverts en 1995, puis jugés en 1997, pour avoir participé au "massacre des fosses ardatines" à Rome. Les deux lascars étaient les protagonistes de l'assassinat méthodique de 335 civils italiens morts chacun d'une balle dans la tête, en 1944, l'un des plus grands massacres de l'histoire Italienne de la seconde guerre mondiale. L'un d'eux Riepke avait profité de sa maladie pour s'évader en 1977 avant de se cacher à Bariloche donc, et d'être repris en 1995. D'autres nazis ont été capturés dans cette ville. Une ville à forte consonance germano-suisse donc..

ll restait doc bien "une amicale d'anciens nazis",établie non pas au Brésil mais en Argentine "un club" comme le cherchait Noel Flantier dans 0SS 117.

Quand à nous, on a pu en profiter pour recharger les batteries en profitant des superbes points de vue, lacs, et sommets à vélo..

Avant de reprendre le cours de notre périple et retrouver ces rases plaines, qui nous accueillaient à nouveau à peine quitté cette belle région.Elle ne nous avaient pas manqué..